DANONE ACQUIRES MICHEL ET AUGUSTIN

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Le numéro un mondial des produits laitiers prend 40% du capital de la marque au ton décalé. Elle devrait progressivement en prendre le contrôle d’ici à cinq ans.

Douze ans après avoir commencé à fabriquer des biscuits dans leur cuisine, Michel et Augustin accueillent Danone à leur capital. Une nouvelle étape dans l’histoire de cette PME française au ton décalé, contrôlée depuis trois ans par Artemis, le holding de la famille Pinault. «Avec l’arrivée de Danone comme actionnaire, nous voulons accélérer notre déploiement en France et à l’international», confie Augustin Paluel-Marmont, dont l’entreprise a réalisé l’an passé 40 millions d’euros de chiffre d’affaires (+35 %).

Danone salue une ‘’aventure entrepreneuriale originale, reposant sur un modèle qui lui a permis de s’installer solidement en France en quelques années’’. Le numéro un mondial des produits laitiers frais devrait dans un premier temps détenir 40 % de la marque, la part d’Artemis étant ramenée à 45%, et le reste conservé par les fondateurs de Michel & Augustin. L’objectif de Danone est d’en prendre le contrôle d’ici à cinq ans, une fois Artemis sorti. Les fondateurs de la marque et Artemis ont été conseillés dans cette opération par la société EKAPARTNERS.

Michel & Augustin ne réalise pour l’instant que 10% de ses ventes à l’étranger. Le développement à l’international est son principal chantier. La marque a fait des États-Unis, où son cofondateur Augustin est installé depuis un an, sa priorité. En juin 2015, la marque avait créé le buzz sur les réseaux sociaux en débarquant au siège de Starbucks, à Seattle, et en obtenant un rendez-vous avec son patron, Howard Schultz. Depuis le mois de janvier, les biscuits de Michel & Augustin sont proposés dans 7000 points de vente Starbucks aux États-Unis. Ils sont par ailleurs distribués dans 500 magasins positionnés haut de gamme.

Un incubateur chez Danone

La marque – qui commercialise aussi bien des biscuits (45% de ses ventes), des yaourts et des desserts frais (45%) que des boissons (10%) – pourra bénéficier aux États-Unis de l’expertise de Danone, numéro un local des yaourts. Dans ce pays, qui est devenu son deuxième marché, Danone s’est développé ces cinq dernières années en surfant sur la mode du yaourt grec. Il y avait racheté dans les années 2000 le spécialiste des yaourts bio, Stonyfield, qui lui a permis de lancer en France la marque Les 2 vaches, dont l’identité visuelle ressemble à celle de Michel & Augustin. Il y a aussi poussé Évian, devenue leader des eaux minérales haut de gamme.
Cette prise de participation dans une PME est une première pour Danone qui a réalisé l’an passé un chiffre d’affaires de 22,4 milliards d’euros (+4,4%). Elle est réalisée via Danone Manifesto Ventures, une nouvelle structure d’investissement et d’incubation du groupe basée à New York, qui sera opérationnelle cet automne.

Cette entité ‘‘permettra à Danone d’accompagner le développement d’entreprises innovantes à fort potentiel de croissance qui partagent sa vision de l’alimentation, explique le groupe dans un communiqué. À travers cette structure, Danone apportera à ces entreprises un soutien financier et opérationnel, en les faisant bénéficier de l’expérience de ses équipes à travers le monde, tout en leur assurant l’autonomie nécessaire au développement de leur projet entrepreneurial.’’

Nouveaux défis

Danone – qui s’est donné pour mission d’«apporter la santé par l’alimentation au plus grand nombre» – a opéré depuis deux ans une mue progressive sous l’impulsion de son nouveau patron, Emmanuel Faber. Après avoir envisagé de céder son activité de nutrition médicale et avoir tenté une incursion – ratée – dans les jus de fruits, il s’est recentré sur ses quatre métiers (produits laitiers frais, eaux, nutrition médicale et infantile). Son organisation a été repensée de façon à réduire les coûts et augmenter son efficacité, l’équipe dirigeante a été remaniée et rajeunie.

Par ailleurs, Danone, qui a publié au printemps un manifeste réaffirmant ses valeurs, a repensé les missions de chacun de ses métiers. Ils devront être plus en prise avec les nouveaux défis liés à l’alimentation (hydratation, malnutrition, diabète, obésité…) et à la démographie. Enfin, l’inventeur d’Activia et d’Actimel souhaite muscler son processus d’innovation. Dans cette perspective, il entend bien s’inspirer d’idées et de pratiques nouvelles au contact d’entreprises plus jeunes, afin d’alimenter sa croissance future.

Source : Le Figaro