Cathay Capital sells its stake in Bellota-Bellota
Mickaël Piffard-Besnard, le goût d’entreprendre avec Bellota-Bellota
Il est le PDG et le nouvel actionnaire principal depuis la sortie du fonds franco-chinois Cathay fin décembre de Byzance. La PME, référence dans le caviar, le saumon fumé et le jambon, largement assise sur la marque de produits ibériques Bellota-Bellota, voit sa notoriété croître. Retour sur un parcours hors norme.
Il est né en Loir-et-Cher, mais c’est à peu près le seul point commun de Mickaël Piffard-Besnard avec la chanson culte de Michel Delpech.
Fils d’un agriculteur et d’une commerçante, le PDG et nouvel actionnaire principal depuis décembre de la PME agroalimentaire Byzance, largement assise sur la marque de charcuterie ibérique Bellota-Bellota, est vite « monté » à Paris avec sa famille. A Versailles, plus précisément.
La voix de la raison
Lui, qu’un de ses professeurs du réputé lycée Hoche avait qualifié d’élève « inapte à toutes formes d’études supérieures » va pourtant rejoindre le campus de l’école de commerce Skema à Sophia Antipolis, spécialité finance d’entreprise et options fête, ski et rugby ! Du classique de chez classique. « A l’époque, j’écoute la voix de la raison », reconnaît-il, aujourd’hui. Mais de la voix intérieure qu’on écoute aux voies qu’on emprunte, la ligne droite n’est pas toujours la plus courte.
Le départ vers le Mexique, à l’Institut technologique de Monterrey, pour compléter sa formation en finance d’entreprise va être un tournant. Différé. Après l’année de pause qui suit chez Microsoft, où il est rangé parmi les hauts potentiels, il est « chassé » par Fidelity à Boston pour s’occuper d’une société française rachetée par le fonds d’investissement et faire de la veille en « fusac ».
Entrepreneuriat au Mexique
L’histoire d’amour sera brève, dix-huit mois, Mickaël Piffard-Besnard suivant une autre voie, de celles qui tournent le dos à la monotonie. Démission et virage à 180 degrés vers l’entrepreneuriat… au Mexique ! Avec un ami, il achète un petit bar-restaurant à Playa del Carmen, à 30 minutes de Cancun puis un second… L’aventure, c’est l’aventure : « C’était dur, j’ai pris des gifles mais appris l’humilité, l’organisation, la réactivité… », reconnaît Mickaël Piffard-Besnard. Toujours utile. C’est là, surtout, qu’il rencontre son épouse hispano-argentine. Serveuse, elle finance sa thèse de psycho tendance Lacan par des petits boulots.
Quand il est temps de passer à autre chose, cette fois c’est madame qui trace la voie : Mexique, Buenos Aires et Paris. La capitale française l’emporte avec à la clé un retour aux anciennes amours du contrôle de gestion et la remise sur pied de la marque de lunettes Oakley, rachetée par Luxottica. Mais nouvelle démission – « chez moi ce n’est pas de l’impulsivité mais de la spontanéité et c’est réfléchi », tient-il à préciser – pour, à 27 ans, s’occuper de restructuration et de retournement dans le retail et la distribution au sein du cabinet EY. Il va y rester douze ans, multipliant les missions (Smoby, Retif, Un jour Ailleurs…). « Là, proche du monde de l’entreprise et du terrain, j’ai appris la mobilité, l’écoute, l’adaptabilité… »
La star du jambon ibérique
C’est en 2016, sollicité pour passer « partner », qu’il change encore de cap pour prendre les rênes de Byzance, une PME et une marque fondées en 1995 par Philippe Poulachon, un ancien de l’EM Lyon. Référence dans le caviar, le saumon fumé et le jambon ibérique (du cochon ibérique appelé aussi « pata negra » nourri aux glands, « bellota » en espagnol), produit star de la marque Bellota-Bellota, Byzance accueille au capital le fonds franco-chinois Cathay en 2014.
Mickaël Piffard-Besnard en pousse le développement, ouvre des comptoirs aux aéroports de Roissy, d’Orly, de Nice, au Printemps du Goût et au Palais des Congrès à Paris, à Megève, à Hong Kong, au Luxembourg, à Séoul. C’est à l’occasion de la sortie du fonds, fin 2019, qu’il saute le pas en entrant au capital avec la DAF Krystel Destuynder et deux investisseurs amis, Julien Jammes et Stéphane Coignet, chefs d’entreprise (BTP) esthètes et gourmands.
Aujourd’hui, le groupe annonce quelque 10 millions d’euros de chiffre d’affaires (à 80 % Bellota-Bellota), 20 points de vente, 400 produits, 1.000 clients professionnels (Ritz Paris, Hôtel Royal Evian, Four Season…) et 20.000 particuliers. Chef d’entreprise, actionnaire, la bonne chère, l’Espagne… au fond, toutes les voies finissent par se rejoindre.
Source : Les Echos