GENERAL MILLS / YOPLAIT TRANSACTION

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Ekapartners sur l’opération de cession de Yoplait par General Mills à Sodiaal.

CHANGEMENT DE MAIN EN VUE POUR YOPLAIT

L’industriel américain General Mills, jusqu’à présent propriétaire de Yoplait à 51 % en Europe, aurait décidé de céder sa part à la coopérative française Sodiaal, qui a déjà 49 % du capital. Le point sur cette transaction hautement stratégique pour les deux acteurs.

Dix ans après avoir racheté Yoplait pour près de 1,6 milliard d’euros au fonds PAI Partners, General Mills aurait choisi de se désengager de la marque sur le périmètre européen et de céder sa partie à la coopérative française Sodiaal, qui en possède déjà 49 %. Selon Les Échos, l’opération ne concernerait pas à l’heure actuelle les activités nord-américaines (États-Unis et Canada), mais uniquement l’Europe. Dans ce cadre, Sodiaal mettrait la main sur trois sites français, à Monéteau (Yonne), Vienne (Isère) et Le Mans (Sarthe), mais également sur les filiales au Royaume-Uni, en République tchèque, en Slovaquie et en Suède, pays sans sites industriels. Le montant de l’opération serait estimé à 400 millions d’euros. Elle serait couverte par le renoncement de Sodiaal à percevoir les royalties que lui verse General Mills sur les activités américaines.

Les raisons de cette transaction sont multiples. D’une part, General Mills n’a pas réussi à faire de Yoplait un pilier mondial. Si le marché américain est porteur pour la marque à la petite fleur, la France n’est pas sur la même tendance, avec de mauvaises performances depuis 2017 et un recul des parts de marché. Par ailleurs, depuis quelques années, l’ultrafrais subit de plein fouet la concurrence des offres issues de protéines végétales. Enfin, « General Mills n’a pas trouvé des synergies avec ses autres activités au niveau commercial et industriel », remarque Yves Marin, partner chez Bartle.

Pari risqué

Un choix logique donc pour General Mills, qui « a toujours souhaité sanctuariser cette marque aux États-Unis », estime Éric Toulemonde, fondateur d’Ekapartners. Même si, selon l’Agefi, des rumeurs circulent sur le fait que l’industriel aimerait aussi céder sa partie américaine, valorisant l’actif total à hauteur de 2,5 milliards d’euros. Une sacrée somme à débourser, qui pourrait rendre frileux d’éventuels repreneurs… General Mills pourrait donc en profiter pour se recentrer sur son cœur de métier ou même se lancer dans des opérations de croissance externe sur le marché du sain et du naturel.

Pour Sodiaal, qui refuse de commenter, tout comme General Mills, cette action va permettre de se retrouver pleinement opérateur de la marque. « Pour le français, ce contrôle unique va être plus simple qu’une gestion hybride avec, d’un côté, un groupe classique et, de l’autre, une coopérative », indique Yves Marin. Avis partagé par Éric Toulemonde : « C’est bien vu sur le plan stratégique, donc on peut penser que Sodiaal ne va pas repartager Yoplait avec un autre industriel ou un fonds à court terme. »

Pour autant, le pari est risqué. « Jusqu’à présent, Sodiaal bénéficiait de la dynamique d’ensemble de Yoplait, qui comprenait les États-Unis, une zone en forte croissance. En récupérant l’Europe uniquement, où le rythme des ventes est plus modeste, la coopérative va devoir bien piloter. Car, en France, il faut faire face à Danone et à Lactalis, mais également à la concurrence des petites marques qui se développent fortement », détaille Jean-Daniel Pick, senior advisor chez Ernst & Young. Et donc trouver un territoire propre à Yoplait, qui jouit malgré tout, rappelons-le, d’un vrai potentiel et d’un fort capital sympathie en France.

 

Source : LSA (https://www.lsa-conso.fr/changement-de-main-en-vue-pour-yoplait,375598)