A new hope for Danone
Ekapartners intervient à nouveau sur le sujet Danone pour le magazine LSA en tant qu’expert Consumer
UNE NOUVELLE PAGE S’OUVRE POUR DANONE
Deux mois après le départ d’Emmanuel Faber, le conseil d’administration de Danone a annoncé la nomination d’Antoine de Saint-Affrique, peu connu du grand public, à la direction générale.
Une nomination très attendue. Deux mois après le départ de son PDG, Emmanuel Faber, le conseil d’administration de Danone a annoncé l’identité de son nouveau directeur général : Antoine de Saint-Affrique, 57 ans. Si plusieurs noms circulaient, comme celui de Nathalie Roos (ex-L’Oréal Paris) ou Max Koeune (président de McCain), Antoine de Saint-Affrique, actuel CEO du chocolatier belgo-suisse Barry Callebaut, a finalement remporté la mise. Il prendra son poste à la mi-septembre. « C’est un excellent choix. Celui de l’assurance plutôt que de l’audace. Mais c’est ce qu’il fallait faire, c’est ce dont Danone a besoin », juge Éric Toulemonde, fondateur d’Ekapartners.
En effet, le profil d’Antoine de Saint-Affrique coche toutes les cases. D’abord, son parcours 100 % grande consommation. Diplômé de l’Essec en 1987, il a débuté chez Kronenbourg avant Amora-Maille. Ces deux marques, qui appartenaient à Danone, ont été cédées en 2000 à Unilever, date à laquelle il rejoint ce groupe. Il y occupera diverses fonctions avant de prendre la vice-présidence de l’activité dermatologique et celle du pôle alimentaire en 2011 (plus de 12 milliards d’euros de CA).
Valeurs communes
Depuis octobre 2015, Antoine de Saint-Affrique est président du chocolatier Barry Callebaut (6,4 milliards d’euros de chiffre d’affaires sur l’exercice 2019-2020). Autant d’expériences qui lui donnent aussi une casquette internationale avec des fonctions aux États-Unis, en Hongrie, aux Pays-Bas, en Russie, en Afrique et au Royaume-Uni.
Par ailleurs, celui qui n’a connu aucune déconvenue dans son parcours professionnel bénéficie d’une excellente réputation avec des performances louables, notamment à son poste actuel. « Il a développé les ventes et diversifié l’entreprise », explique Yves Marin, partner chez Bartle. Depuis son arrivée chez le chocolatier, le cours de Bourse a doublé. « Sa fonction de direction chez Barry Callebaut incarne aussi une forte dimension politique avec la gestion du cacao, matière première prisée dans des zones géographiques qui peuvent être sensibles », observe Éric Toulemonde.
Autre atout de ce père de quatre enfants : ses valeurs. Un item cher au conseil d’administration qui souhaitait recruter un candidat en adéquation avec celles de Danone. « Il a mené des politiques de soutien aux planteurs de cacao en assurant des rémunérations supérieures à celles du marché et œuvré pour bannir le travail des enfants. Il est très ouvert à l’amont agricole et va être capable de développer les engagements de Danone », indique une source proche.
Par cette nomination, le conseil a aussi souhaité marquer une rupture. Un signal a été envoyé avec la méthode de recrutement. Après la transmission d’Antoine Riboud à son fils Franck, la fonction de PDG avait été attribuée par Franck Riboud à son poulain, Emmanuel Faber, pur produit de Danone. « La nomination d’Antoine de Saint-Affrique a été faite par le conseil d’administration et non plus par un seul homme. C’est une leçon tirée sur le passage de relais », ajoute Yves Marin. Mais le dirigeant jouira-t-il d’une grande autonomie par rapport au conseil d’administration ? A priori, oui. « Sa légitimité est forte, dans une fonction moins personnalisée et incarnée qu’avant. Il a été choisi par le conseil, qui prend un risque, même mesuré. Ils sont donc liés pour réussir ensemble », note Éric Toulemonde. Le président de Danone, Gilles Schnepp, arrivé en mars, a précisé « qu’Antoine de Saint-Affrique aurait toute la latitude qui est celle d’un directeur général pour apprécier et orienter la stratégie ».
Autre point de rupture : son caractère très différent de celui de son prédécesseur. « Il s’agit d’un homme moins radical », confie une source. Considéré comme à l’écoute, pédagogue et franc, « il a des valeurs solides et l’esprit d’équipe. Ce dirigeant hors pair sait emmener ses partenaires vers l’excellence », partage un de ses ex-collaborateurs chez Unilever. Il semble donc le candidat idéal pour opérer une réparation managériale chez Danone. En effet, les relations entre la gouvernance et les actionnaires ont été tumultueuses ces derniers mois, conduisant au départ précipité et forcé d’Emmanuel Faber, à qui on a pu reprocher son penchant autoritaire et dominant.
Si Antoine de Saint-Affrique a tout pour réussir, il est attendu pour relever de nombreux chantiers pour l’avenir de Danone. D’abord en rétablissant la confiance avec les actionnaires et en leur donnant de la visibilité sur le retour à la rentabilité. Objectif : renouer avec la croissance au deuxième trimestre et avec la rentabilité au second semestre.
Transformation continue
Il va donc devoir élaborer une nouvelle feuille de route sans pour autant rompre avec l’ancienne et appliquer Local First. Annoncé en 2018 par Emmanuel Faber, ce plan, qui a encore reçu le soutien du conseil lors de l’assemblée générale de Danone en avril, vise à gagner en efficacité avec une réduction des coûts pour investir sur des leviers de croissance.
Autre défi : continuer la transformation, initiée par son prédécesseur, tout en arrivant avec un esprit novateur. « Il faut tenir le cap annoncé sur le végétal (20 % du CA à horizon 2025, NDLR), mais aussi réfléchir au recentrage du portefeuille du groupe. Il faut se diversifier avec une réinvention et des investissements. Il est nécessaire qu’Antoine de Saint-Affrique emmène Danone au-delà de ses domaines de prédilection », pointe Yves Marin. Le futur homme fort de Danone va pouvoir mettre à profit les quatre prochains mois, avant d’endosser son costume de directeur général, pour réfléchir à ses premières actions
Source : LSA (https://www.lsa-conso.fr/une-nouvelle-page-s-ouvre-pour-danone,382508)
Tags : Article Food LSA M&A
Date de publication : 26 mai 2021